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Accord COP21 : les syndicats divisés sur la place laissée au social

AFP
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, président de la COP 21, entre Ban Ki Moon, le secrétaire général des Nations Unies, et François Hollande, le président de la République, le 12 décembre au Bourget
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Les syndicats n'ont pas la même analyse du contenu de l'accord de la COP21. FO et la CGT regrettent que les questions sociales liées à la lutte contre le changement climatique ne soient abordées que dans le préambule de l'accord, alors que la CFDT se félicite des avancées contenues dans le texte.

Le préambule de l'accord de Paris du 12 décembre 2015 sur les changements climatiques, négocié dans le cadre de la COP21 (21e conférence des parties), comprend ce considérant portant sur le social :

"Considérant que les changements climatiques sont un sujet pour l'humanité tout entière, les Parties devraient, lorsqu'elles prennent des mesures pour faire face à ces changements, respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l'homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable, et le droit au développement, ainsi que l'égalité des sexes, l'autonomisation des femmes et l'équité entre les générations" (..)

Aux yeux de FO, le fait d'avoir "relégué dans le préambule" ces questions sociales, qui ne sont plus incluses dans la partie opérationnelle du texte, est une déception, même si l'accord, concède le syndicat, comporte des avancées. Pour la confédération, la présidence française de la COP21 a "sacrifié les pions du social" lors de la négociation sur le climat en refusant d'échanger pendant deux semaines avec les organisations syndicales, "préférant tendre l'oreille aux seuls représentants des grosses entreprises". La CGT fait une lecture encore plus critique des négociations et de l'accord : "Reléguer les droits humains aux considérants dans le préambule revient à leur abandon. Pour la CGT, la garantie des droits humains ne saurait être optionnelle".

Le point de vue d'une ONG sur les droits humains

Ce point de vue semble partagé par Care France, une ONG de lutte contre la pauvreté qui entend promouvoir les droits humains et la justice sociale. "Cet accord ne contraint pas les pays à adopter de manière systématique une approche respectueuse des droits humains dans toute action de lutte contre le changement climatique", a réagi Philippe Lévêque, le directeur de l'ONG. Et Fanny Petitbon, la responsable "plaidoyer" (c'est à dire la lobbyiste) de l'ONG, d'expliquer : "Le préambule n'a pas d'impact contraignant, alors qu'une inscription de ces principes dans le corps du texte aurait eu un impact opérationnel. Mais c'est un point d'ancrage pour continuer de réclamer que l'entreprise ait, sur la question climatique, une approche fondée sur le respect des droits humains". C'est loin d'être le cas, ajoute la jeune femme en prenant pour exemple la construction de barrages hydroélectriques en Amérique latine, "décidée sans aucune consultation des populations locales". 

Satisfecit de la CFDT, malgré un communiqué commun critique

La CFDT, au contraire, se félicite de la présence dans le préambule "d'une transition juste et d'un travail décent pour tous les travailleurs" et annonce qu'elle s'appuiera sur cette reconnaissance "pour développer un dialogue social de qualité et anticiper ainsi les conséquences d'une transition vers une économie bas carbone". Pourtant, la semaine dernière, la CFDT, la CGT et FO avaient, dans un communiqué commun, demandé au président des négociations sur la COP21, Laurent Fabius, de ne pas renvoyer au seul préambule du texte la question de la "transition juste pour les travailleurs". Les trois syndicats réclamaient que cette question figue "dans le corps du texte, dans l'article 2", ce qui n'est donc pas le cas.

Signé par 195 nations, l'accord sur les changements climatiques négocié à Paris lors de la COP21 se donne pour objectif de maintenir l'augmentation de la température mondiale en dessous de 2 degrés "et de mener des efforts encore plus poussés pour limiter l'augmentation de la température à 1,5 degré". Le texte (voir le document complet en pièce jointe) prévoit un soutien aux pays en développement pour qu'ils s'adaptent au changement climatique, souligne l'ONU. Pour en savoir plus, on peut par exemple se reporter au travail d'analyse du site Reporterre.

Bernard Domergue
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Bernard Domergue